Nous observons depuis plusieurs mois la multiplication de sociétés de transfert d’argent en Irlande. Ces nouvelles structures promettent monts et merveilles : frais réduits, rapidité, sécurité renforcée. Mais derrière les promesses marketing, que savons-nous vraiment de ces acteurs émergents ? Infinite Remit Services Co., Limited incarne parfaitement ce phénomène. Créée en mai 2023, cette micro-entreprise dublinoise s’attaque à un marché dominé par des géants. Vous confieriez-vous vos économies à une structure aussi jeune, aussi légère ? La question mérite d’être posée sans détour, car l’argent que vous transférez n’est pas qu’un chiffre sur un écran.
Une micro-entreprise dublinoise spécialisée dans les transferts d’argent
Infinite Remit Services Co., Limited a vu le jour le 5 mai 2023 à Dublin. Son siège social se trouve au 1-2 Victoria Buildings, Haddington Road, dans le quartier de Dublin 4. Cette société privée limitée par actions possède un actionnaire unique et opère sous le code NAF 6499, qui regroupe les services financiers liés aux transferts d’argent, hors assurances et fonds de pension. Sur le papier, rien d’inhabituel. Pourtant, un détail retient notre attention : sa classification en micro-entreprise.
Cette catégorie désigne des structures de très petite taille, avec des moyens humains et financiers limités. Dans un secteur aussi sensible que les services financiers, où la confiance est primordiale, cette légèreté interroge. Comment une micro-structure peut-elle rivaliser avec les acteurs établis ? Comment garantit-elle la sécurité des fonds transitant sur sa plateforme ? Nous pensons que cette configuration minimaliste, si elle offre de la flexibilité, expose aussi à des fragilités structurelles qu’il serait imprudent d’ignorer.
Qui dirige réellement cette société irlandaise ?
La direction d’Infinite Remit est assurée par Monsieur Reidy, nommé en 2024. Ce dirigeant ne se consacre pas uniquement à cette entreprise : il assume simultanément la direction de 4 autres sociétés irlandaises. Cette accumulation de mandats peut sembler rassurante, signe d’expérience et de compétence. Mais elle soulève aussi une interrogation légitime : un directeur partagé entre cinq structures différentes peut-il accorder à chacune l’attention qu’elle mérite ? Nous préférons poser la question ouvertement.
Autre élément troublant : le code postal D04 XN32, qui héberge le siège social, est partagé par plus de 637 autres entreprises. Cette concentration d’adresses dans un même lieu n’est pas rare en Irlande, où les domiciliations commerciales sont courantes. Toutefois, pour une société manipulant des fonds internationaux, cette situation crée une impression de distance, voire d’abstraction. Où se trouve réellement l’équipe opérationnelle ? Qui traite concrètement vos demandes ? Ces zones floues alimentent un sentiment de méfiance que nous jugeons compréhensible.
Le processus de transfert : rapide mais opaque
Le fonctionnement d’Infinite Remit suit un schéma classique. Vous créez d’abord un compte en ligne en fournissant vos informations personnelles et des documents d’identité pour validation. Une fois votre profil approuvé, vous alimentez votre compte via plusieurs modes de paiement disponibles :
- Carte bancaire
- Virement bancaire
- Moyens de paiement électronique
Après avoir crédité le compte, vous précisez le montant à transférer et les coordonnées du bénéficiaire. Les délais de traitement varient selon la destination, mais la société affirme privilégier la rapidité. Le problème réside dans le manque de transparence sur le traitement interne. Que se passe-t-il entre le moment où vous validez le transfert et celui où le bénéficiaire reçoit l’argent ? Cette boîte noire opérationnelle nous laisse perplexes.
| Élément | Détails |
|---|---|
| Date de création | 5 mai 2023 |
| Statut | Normal |
| Type | Société privée limitée (LTD) |
| Actionnaires | 1 |
| Directeur | M. Reidy |
| Activité | Transferts d’argent hors assurances |
| Taille | Micro-entreprise |
| Adresse | 1-2 Victoria Buildings, Dublin 4 |
Frais et sécurité : que vaut vraiment l’offre ?
Infinite Remit met en avant trois arguments commerciaux : des frais inférieurs aux banques traditionnelles, une simplicité d’utilisation et un service client dédié. Ces promesses résonnent agréablement à nos oreilles. Toutefois, confrontons-les aux chiffres du marché. Selon la Banque mondiale, le coût moyen des services de remittance s’élève à 6,3% du montant transféré, tandis que les banques traditionnelles facturent en moyenne 10,66%. À titre comparatif, des acteurs comme Wise appliquent des frais autour de 0,5% avec le taux de change réel, tandis que MoneyGram peut atteindre 5% de majoration selon les devises.
Concernant la sécurité, la société annonce utiliser un cryptage avancé et des protocoles anti-fraude. Mais comment une micro-entreprise créée en 2023 finance-t-elle et maintient-elle ces infrastructures technologiques coûteuses ? Nous restons sceptiques. Les géants du secteur investissent des millions dans leurs systèmes de protection. Infinite Remit dispose-t-elle des mêmes moyens ? La question reste sans réponse claire, et ce silence nous semble préoccupant pour quiconque envisage de lui confier des sommes importantes.
La concurrence féroce des fintechs et de la blockchain
Infinite Remit évolue dans un environnement ultra-concurrentiel. D’un côté, les acteurs historiques comme Wise, WorldRemit ou MoneyGram dominent le marché avec des millions d’utilisateurs et une notoriété solidement établie. De l’autre, les solutions blockchain et les applications mobiles des néo-banques proposent des alternatives toujours plus rapides et économiques. Entre ces deux feux, quelle place pour une micro-entreprise dublinoise de deux ans d’existence ?
Le cadre réglementaire irlandais, supervisé par la Central Bank of Ireland, impose des exigences strictes pour l’obtention de licences de transmission d’argent. Les candidats doivent démontrer leur capacité à respecter des standards d’autorisation rigoureux, incluant des exigences de capital minimum et des protocoles de protection des fonds clients. Nous notons qu’Infinite Remit ne semble pas détenir de licence EMI visible, contrairement aux acteurs régulés. Cette absence renforce nos doutes sur sa capacité à perdurer face à des concurrents mieux armés, mieux financés et mieux encadrés. Franchement, ses chances de survie à moyen terme nous paraissent minces.
Les zones d’ombre autour d’Infinite Remit
Plusieurs interrogations restent en suspens. Pourquoi cette adresse partagée avec 637 autres sociétés ? S’agit-il d’une simple domiciliation commerciale ou d’un manque de moyens pour disposer de locaux propres ? Quel est le capital social réel de la société ? Les documents publics ne le précisent pas clairement. Quels volumes de transactions Infinite Remit traite-t-elle réellement ? Combien de clients actifs compte-t-elle ? Ces données fondamentales demeurent inaccessibles.
Plus préoccupant encore : nous n’avons trouvé aucune trace d’une licence EMI ou d’une autorisation formelle de money transmission délivrée par la Central Bank of Ireland. Pourtant, la loi irlandaise impose cette licence pour opérer légalement dans ce secteur. Soit l’entreprise opère sous un régime d’exemption temporaire dont nous ignorons les contours, soit elle exerce en marge du cadre réglementaire habituel. Dans les deux cas, cette opacité jette un doute sérieux sur sa légitimité et sa pérennité.
Infinite Remit incarne le paradoxe d’une génération d’acteurs financiers : jeunesse audacieuse contre expérience absente, structure minimaliste contre promesses maximales, transparence revendiquée contre réalité floue.







